Assurer une transition juste vers des systèmes de santé résilients et à faible émission de carbone

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Augmentation de la durée et de l’intensité des épisodes des vagues de chaleur, augmentation des risques liés aux maladies vectorielles, troubles physiques/psychiques liés aux évènements extrêmes, détérioration de la qualité de l’air, augmentation des troubles allergiques… La crise climatique affecte la santé humaine tant de  manière directe qu’indirecte mais aussi les infrastructures et le personnel de santé.

Le degré de vulnérabilité des personnes face à ces vagues de chaleur dépend également de facteurs de risques. Les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, les travailleurs en extérieur, les personnes avec des comorbidités comme des maladies cardio-vasculaires, respiratoires ou le diabète, ou encore les personnes sans-abri sont beaucoup plus exposées. De même, la concentration des habitants en milieu urbain, où vivent la moitié des Européens, les place à la merci du phénomène des « îlots de chaleur urbains » qui accroît considérablement les différences de températures entre la ville et la campagne. Enfin, comme la santé et le bien-être sont étroitement liés à des facteurs socio-économiques comme le revenu, le logement, l’emploi, l’éducation, le mode de vie, les effets des changements climatiques  amplifient les inégalités en matière de santé au sein des pays et entre ceux-ci.

L’été 2022 détient le record de l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Une étude publiée dans la  revue Nature Medicine, a calculé la fraction de mortalité attribuable à la chaleur. Leur analyse estime qu’entre le 30 mai et le 4 septembre 2022, il y aurait eu 61.672 décès attribuables à la chaleur en Europe.  La surmortalité, soit l’excédent de décès observés par rapport à ceux attendus, a été plus forte sur la période de début juin à fin août 2022 (9,1%), par rapport à 2021 (3,0%) et 2020 (0,37%) sur les mêmes périodes. La Belgique a enregistré une surmortalité de 2 291 personnes en 2022, soit 5,7 %.

Le  secteur de la santé contribue par ailleurs de façon non négligeable directement ou indirectement aux changements climatiques via ses émissions. À ce jour, il existe deux études internationales sur les empreintes carbone des secteurs de la santé (ARUP et HCWH, 2019 ; Pichler et al., 2019) ainsi qu’un certain nombre d’études nationales. Ces études montrent une assez grande variation concernant la part des émissions associées aux soins de santé dans l’empreinte carbone totale d’un pays. D’une étude à l’autre, l’empreinte carbone des soins de santé varie entre 2 % et 10 % de l’empreinte carbone nationale, avec une part moyenne d’environ 5 % dans l’ensemble.

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Lors de la COP 26 (United Nations Framework Convention on Climate Change – UNFCCC) à Glasgow la Belgique s’est engagée à rendre son système soins de santé neutre en carbone (« carbon neutral ») et résilient (« climate resilient »). La CIMES (conférence interministérielle environnement- santé) a validé la création de deux groupes de travail ad hoc dans le cadre du NEHAP. Ces derniers ont préparé les propositions  de mesures en la matière reprises dans l’avant-projet de plan national environnement-santé 2023-2029 mis en consultation.

Entre temps, la Belgique s’est également engagée dans plusieurs projets internationaux et nationaux en lien avec la santé et le climat avec divers partenaires : ATACH (Alliance for Transformative Action on Climate and Health de l'OMS), EHP Partnership for health sector climate action lancé à Budapest en juillet 2023, le partenariat belge avec l’association « Healthcare without Harm » dans le cadre de leur projet « Operation Zero – Roadmap towards decarbonization of healthcare ».

En lien étroit avec ces divers engagements et après consultation de nombreux partenaires, il a été décidé que  La résilience, l’adaptation et la lutte face  à la crise climatique seraient une des deux priorités d’action du NEHAP 3 déclinées au travers des travaux menés par le groupe de travail « Forte chaleur & pics d’ozone », mais aussi par le biais des projets d’adaptation du système de santé aux changements climatiques, des projets relatifs aux maladies vectorielles (moustiques exotiques et tiques) et dans les efforts de réduction des émissions de CO2 du secteur de la santé. En outre, la formation des professionnels de santé sur les questions de santé environnementale est un projet transversal qui pourra être nourri par les résultats de ces différents projets.

Beaucoup d’initiatives sont donc lancées tant au niveau international, européen, national, fédéral que dans les régions et communautés. Il serait par contre important de fixer nos priorités d’actions  et de s’attacher à les coordonner. Le nouveau plan national environnement-santé offre un cadre institutionnel stable et pertinent  pour travailler à ces objectifs.